Contre la mise en concurrence de la ligne d’écoute 3919

À l’issue du grenelle de Septembre 2019, le gouvernement s’est engagé à ouvrir la ligne nationale d’écoute 3919  24h/24H et 7 jours sur 7 suite à la demande de nombreuses organisations. ll veut maintenant faire une mise en concurrence de ce service par le biais d’un marché public, ce à quoi toutes les associations s’opposent.

Le 3919 est géré depuis 1992 par la Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF), une fédération de 73 associations de terrain qui luttent contre les violences faites aux femmes. Cette ligne est un outil central de la lutte contre les violences faites aux femmes en France, et accompagne plus de 2000 victimes par semaine. Elle a vu une augmentation de son activité quasiment tripler pendant le premier semestre 2020, due au confinement.

Les violences faites aux femmes ne sont pas un marché. La mise en concurrence représente une logique de rendement et de compétition entre les structures, incompatibles avec la lutte contre les violences faites aux femmes. La FNSF et son réseau possèdent une connaissance détaillée des différents dispositifs de soutien pour les femmes victimes de violences. Faire de l’écoute et de l’accompagnement de victimes demande une formation, des qualifications et d’avoir le temps nécessaire à cette écoute. Il est impensable d’y voir associés des objectifs quantitatifs, ou même pire, de rentabilité.

Nous soutenons pleinement les pétitions et communiqués demandant au gouvernement de renoncer à cette mise en concurrence. La Fédération Nationale Solidarité Femmes et les signataires du communiqué de la fédération demandent au gouvernement de renoncer à ce marché public et d’instaurer à la place une convention pluriannuelle d’objectifs et de moyens avec la FNSF et les autres associations partenaires de la ligne d’écoute nationale.

Pour en savoir plus, vous pouvez lire le communiqué de la FNSF ou cet article sur BastaMag. Vous pouvez également signer avec nous la pétition sur change.org.

Echap rejoint la Coalition contre les Stalkerware

On appelle « stalkerware » des logiciels espions pour téléphones ou ordinateurs vendus afin d’espionner des conjoint-e-s souvent dans des relations abusives.

Pour participer à la lutte contre ce marché abject, nous avons rejoint la coalition contre les stalkerware. Cette coalition est une organisation informelle qui regroupe des entreprises dans le domaine de la sécurité informatique et des organisations travaillant sur la question des violences faites aux femmes (comme le centre francilien Hubertine Auclert).

La coalition a produit des ressources pour expliquer ce que sont les stalkerware, comme cette vidéo :

Nous avons rédigé un guide « Identifier des signes de la présence d’un logiciel espion sur Android » qui est une première étape pour aider à identifier les stalkerware en français. Rejoindre cette coalition va nous permettre de continuer notre travail sur ce sujet.

Interview dans Korii

Nous avons été interviewées par Elsa Gambin pour Korii sur la création de notre association et sur les violences numériques. En voici un extrait :

Quand on n’a pas soi-même expérimenté une situation de cyberviolence, on ne se rend pas forcément compte de ce que connaissent les victimes et de ce qui est important pour elles. On pense qu’il faut combattre la surveillance de masse, mais aussi s’attaquer à l’utilisation abusive de la technologie contre les minorités. Le numérique ne doit pas devenir un énième outil de domination.

Vous pouvez lire l’article complet sur Korii : Echap, des outils pour aider les femmes à s’émanciper des cyberviolences.

Merci à Elsa Gambin pour son travail.

À propos de la fonctionnalité « Notifications Covid-19 » apparue sur nos téléphones

Nous avons vu plusieurs personnes sur les médias sociaux être inquiètes à cause de l’apparition de la fonctionnalité « Notification Covid-19 » sur leur téléphone Android ou iPhone. Voici donc un court article pour expliquer ce que c’est et pourquoi ce n’est pas un problème.

Capture d'écran d'un smartphone décrivant le fonctionnement du service "Notifications COVID-19"
"Pour activer les notifications d'exposition au COVID-19, ouvrez une application disponible.
Votre téléphone doit utiliser le Bluetooth pour collecter des ID aléatoires et les partager avec d'autres téléphones à proximité de manière sécurisée. Ces ID aléatoires sont automatiquement supprimés après 14 jours.
La localisation de l'appareil doit être activée pour que les appareils Bluetooth à proximité puissent être détectés. Toutefois, le système de notifications d'exposition au COVID-19 n'utilise pas la position de l'appareil.
L’application peut vous avertir si vous vous êtes trouvé à proximité d'une personne ayant signalé un résultat positif au test de dépistage du COVID-19.
La date et la durée d'une exposition ainsi que la proximité physique, révélée par l'intensité du signal, seront partagées avec l'application.
Si vous êtes testé positif au COVID-19, vous pouvez choisir de partager les ID aléatoires de votre téléphone avec I'application que vous avez au préalable autorisée, afin que celle-ci puisse envoyer des notifications sur d'autres téléphones de manière anonyme."

Capture d’écran Notifications COVID-19 sur Android (dans Paramètres > Google > Notifications d’exposition COVID-19)

COVID-19 et la solution Apple/Google pour le traçage de contacts

Beaucoup de pays ont émis l’idée d’utiliser une application pour smartphone afin de tracer les contacts entre les personnes et identifier des personnes porteuses du COVID-19 et asymptomatiques. La principale solution qui a été développée se base sur des messages envoyés par Bluetooth. Le Bluetooth est un protocole de communication sans fil de courte portée (souvent utilisé pour connecter des enceintes à un smartphone, par exemple). L’idée est de l’utiliser pour émettre des messages en permanence et enregistrer les messages des smartphones à proximité. Lorsqu’une personne est identifiée porteuse du COVID-19, ses messages sont utilisés pour alerter les personnes qu’elle a croisées qu’elles peuvent être à risque.

Il y a eu beaucoup de débats autour de la façon de mettre en place ce système et vous pouvez lire sur le traçage anonyme, les arguments de La Quadrature du Net ou cet article du Monde par exemple. En ce qui concerne le traçage, un problème qui s’est posé c’est que les applications ne peuvent techniquement pas utiliser le Bluetooth en arrière plan à cause de limitations posées par Apple et Google. Pour répondre à ça, Google et Apple ont mis en place un service qui peut être utilisé par certaines applications. Ce service appelé « Notifications COVID-19 » a été déployé en mai sur la majorité des téléphones Android et iPhone.

Le service « Notifications COVID-19 » ne fait rien si vous n’avez pas installé une application qui l’utilise. Donc si vous n’installez pas une application de traçage de contacts, le service n’est pas activé et ne change rien à la sécurité de votre téléphone.

Et en France ?

La France a mis en place cette semaine une application de traçage de contacts pour iPhone et Android appelée StopCovid. Nous avons beaucoup de critiques vis à vis de cette application. À notre sens, l’approche dans son développement est problématique, et elle n’offre aujourd’hui pas de garantie sur l’anonymat des données recueillies. Nous avons également peu de recul sur les abus qui peuvent être commis lors de son utilisation, notamment dans le cadre de violences faites contre les femmes.

Libre à chacune de peser les avantages et inconvénients de cet outil. Dans notre collectif tout le monde a décidé de refuser de l’utiliser à cause du manque de garantie de sécurité pour notre vie privée.

Dans tous les cas, l’application StopCovid n’utilise pas le service « Notifications Covid-19 » mis en place par Apple et Google. Même en utilisant l’application, cette fonctionnalité dans votre téléphone est inactive et ne change donc rien à sa sécurité.

En résumé

En résumé, cette fonctionnalité apparue dans les téléphones Android et iPhone est inactive par défaut et ne change en rien la sécurité de votre appareil. Si vous êtes en France, l’application StopCovid n’utilise pas non plus cette fonctionnalité, donc il est assez improbable qu’elle soit un jour utilisée sur votre téléphone. Quant à l’application StopCovid, nous recommandons de ne pas l’installer, mais libre à vous de vous faire votre propre opinion.

Lancement d’Echap

Echap est une association loi 1901 qui s’est donné pour objectif de lutter contre l’utilisation de la technologie dans les violences faites aux femmes.

Qui sommes nous

Nous sommes un collectif hacker féministe qui souhaite apporter des ressources et de l’accompagnement aux associations luttant contre les violences faites aux femmes sur les questions de technologie.

Nos actions

L’essentiel de nos actions s’articule autour de trois axes.

Animer des ateliers qui visent à former les personnes accompagnant les femmes victimes de violence et aux victimes elles-même aux problématiques de vie privée et de technologie. Par exemple, vous souhaitez vous former aux techniques de protection de vos comptes en ligne (réseaux sociaux, administration, …).

Rédiger des guides et des études de cas permettant au plus grand nombre de reprendre le contrôle sur les technologies du quotidien. Par exemple, vous voulez vérifier si un logiciel espion est installé sur votre téléphone Android.

Apporter du soutien technique en analysant et proposant des solutions sur des cas d’utilisation abusive de la technologie. Par exemple, vous avez besoin d’aide pour paramétrer vos options de confidentialité sur Facebook.

Pourquoi

Nous nous situons à la croisée des chemins entre féminisme et cybersécurité et souhaitons vulgariser les enjeux techniques liés aux cyber-violences.
Nous constatons un manque de liens entre les victimes de violences et les spécialistes de la technologie ainsi qu’un manque de considération pour ce problème de société majeur. Aussi, nous voulons agir en vue de l’émancipation et de l’autonomie des victimes ainsi que des associations qui les accompagnent.

Pour qui

Si vous êtes membre d’une organisation luttant contre les violences faites aux femmes et que vous souhaitez nous contacter, envoyez nous un email à contact[@]echap.eu.org.

Si vous êtes une femme victime de violences, nous vous recommandons de prendre contact avec une association travaillant sur les violences faites aux femmes, par exemple en contactant la fédération Solidarité Femmes. Vous pouvez également appeler le 3919. Si vous êtes victime de harcèlement en ligne, nous vous recommandons de consulter les ressources données par les féministes contre le cyber-harcèlement.