La Maison des femmes de Grenoble et Echap

Nous vous partageons aujourd’hui le bilan d’un projet que nous avons mené en 2023 et 2024 pour soutenir la Maison des Femmes de Grenoble sur des questions de cyberviolences.

La Maison des Femmes de Grenoble

Portée par l’association Uni·esverselles, la maison des femmes Grenoble Alpes, inaugurée en 2022, est un espace d’accueil et de soin destiné à accompagner les femmes confrontées à des violences et aux conséquences sur leur santé. Elle accueille une équipe pluri-disciplinaire composée de professionnel·le·s de santé à même d’accompagner au mieux les personnes reçues sur du court, moyen et long terme.

Au sein de cette activité, les professionnel·le·s de la maison des femmes rencontrent régulièrement des situations en rapport avec les cyberviolences sous la forme de harcèlement ou de différents types de surveillance par un conjoint abusif. Cette problématique est un enjeu primordial, notamment pour pouvoir :

  • mieux accompagner les personnes victimes de violences reçues par la structure,
  • éviter que cette cyber-surveillance ne les mette en danger dans leur parcours de soin,
  • protéger les professionel·le·s de santé et la maison des femmes d’éventuelles représailles.
La proposition d’Echap

En décembre 2022, l’association Uni·esverselles a contacté Echap pour être accompagnée dans un projet global concernant les cyberviolences. Quelques mois plus tard et après avoir discuté des besoins détaillés de la structure, nous tombons d’accord sur une proposition qui se décline en trois parties :

  • Créer un atelier sur les cyberviolences à destination des usagères de la structure.
  • Faire une formation pour le personnel de la Maison des Femmes.
  • Améliorer la procédure d’accueil des usagères pour prendre en compte les cyberviolences.
Atelier

La première partie consiste à créer ensemble un atelier qui sera donné par le personnel de la Maison des Femmes à destination de leurs usagères pour sensibiliser à la question des cyberviolences.

Tout d’abord, nous définissons les critères et contraintes liées à la demande : par qui sera donné cet atelier, pour quel type de public, pour combien de personnes, quels en sont les objectifs… Tout ceci est le fruit de plusieurs réunions qui mènent à la conception d’un déroulé détaillé à destination du personnel de la structure, de diapositives, mais aussi de supports pour l’animation et d’une fiche de ressources pour les usagères.

Nous définissons donc les objectifs de cet atelier : appréhender des notions de base de soin numérique dans le cadre de cyberviolences et redonner autonomie et confiance dans les usages, outils et appareils utilisés à l’aide de stratégies adaptées. Il se destine à un public débutant sur la question du numérique et potentiellement victime de cyberviolences. Le nombre de personnes participantes conseillé est de 10 maximum pour une personne animatrice et l’atelier dure 3 heures.

Quatre parties composent cet atelier :

  • Outils numériques : donner une vue d’ensemble de ce qui constitue le monde numérique et permet d’identifier les liens entre les différents outils en vue de sécuriser son environnement.
  • Les cyberviolences : nommer les cyberviolences et comprendre dans quels cadres elles interviennent.
  • Sécuriser ses comptes : avoir une approche pratique de sécurisation et mesurer l’ampleur de sa présence en ligne.
  • Partage de stratégies : laisser l’espace libre pour que les participant·es puissent partager leur propres stratégies.

Formations

La seconde partie de ce projet se découpe en deux actes : une première introduction aux cyberviolences en ligne en juillet 2023 suivie d’une formation de deux jours sur place. L’objectif de la première session en ligne est de donner des bases de compréhension sur les cyberviolences à un maximum de professionnelles de la maison des femmes (la formation étant courte et en ligne, cela a donné suffisamment de flexibilité pour avoir le maximum de personnes présentes).

La formation en présentiel s’est déroulée en novembre 2023 à Grenoble et a permis de reposer les bases précédemment évoquées et d’approfondir des aspects techniques et pratiques afin de redonner confiance en ses propres savoirs dans l’accompagnement de victimes de cyberviolences. Cette formation a été un moment particulièrement fort : nous avions en face de nous des personnes ravies de se retrouver entre elles, puisqu’elles ne peuvent parfois que se croiser brièvement dans les locaux. Nous avons identifié ce besoin dès le début de ces deux jours comme étant essentiel et ainsi tenté de travailler sur la valorisation de cette dynamique collective.

Nous avons à cœur de proposer des temps théoriques et pratiques au sein de nos formation et d’essayer d’inclure des valeurs portées par le mouvement de l’éducation populaire. Malgré cela nous avons parfois une position ambivalente puisqu’il nous est aussi demandé de délivrer du contenu technique sur le numérique et nous sommes conscient·es du travail qu’il nous reste à effectuer pour éviter des postures d’expert·es sachant·es.

Procédure d’accueil des cyberviolences

La dernière partie de ce projet concerne l’écriture d’une procédure d’accompagnement incluant les risques de cyberviolences lors de l’accueil de nouvelles usagères. Nous avons donc tout d’abord discuté avec les professionnelles pour comprendre leurs problématiques et leur façon de travailler puis rédigé une proposition d’intégration de la question des cyberviolences dans leur processus de travail. Celle-ci implique notamment d’identifier les situations de cyberviolences le plus tôt possible via des questions lors des premiers entretiens, puis de les considérer au sein de leur parcours de soin et d’intégrer quand nécessaire des échanges et du soutien, voire des entretiens spécifiques.

Au cours de ce travail, la nécessité de soutien ponctuel provenant d’une personne extérieure à la Maison Des Femmes a été identifiée et nous avons aidé à définir les besoins liés à ce genre de recrutement. Ont aussi été évoquées les associations locales potentiellement aptes à accompagner la structure, mais aussi les aspects plus légaux (garder des preuves, liste de contacts sur le plan juridique…).

Enfin, cette procédure inclut également une liste de recommandations pour mieux protéger la structure et ses acteurices des cyberviolences.

Les principales difficultés

La Maison des Femmes de Grenoble est une structure récente qui fait face à des contraintes particulières : l’équipe pluridisciplinaire n’a aucun poste à « temps plein » sur une semaine complète puisque chaque personne travaille aussi en dehors de la structure, ce qui a pu régulièrement provoquer de gros décalages dans les plannings initiaux proposés et donc beaucoup de retard.

Nous attendions davantage de participantes pour l’introduction aux cyberviolences à distance, mais les plannings étaient visiblement complexes à gérer pour tout le monde.

Ce projet a été conséquent pour nous au sein d’Echap qui n’avions jamais eu de demande aussi globale de la part d’une structure travaillant dans le cadre des VSS.

Les points forts

L’élaboration de l’atelier a permis de mettre en commun des savoirs partagés reliés à l’éducation populaire et à l’animation et de voir que nous étions aligné·es sur les objectifs et le discours que nous portons.

Comme souligné précédemment, le temps de formation en présentiel a été fructueux et apprécié, cela nous a donné encore plus envie de continuer ce travail très gratifiant grâce à la réception de l’équipe étendue de la Maison des Femmes.

Enfin, cette collaboration a été une rencontre riche avec des personnes expertes, techniquement formées aux risques autour des Violences Sexistes et Sexuelles. Cela nous montre encore une fois à quel point le travail de terrain est probablement le plus apte à proposer un panel de stratégies efficaces pour lutter contre celles-ci. Cela nous a également permis de mieux comprendre la question des cyberviolences au sein des structures de santé.

Pour conclure ce bilan, nous souhaitons remercier une fois de plus la Maison Des Femmes pour la confiance et le travail apportés dans cet échange !

Tout ce qu’on ne vous dira pas au Sommet mondial de l’IA

À l’initiative de Féministes contre le cyberharcèlement, VoxPublic, Amnesty International France et la Ligue des Droits de l’Homme, une tribune signée par Echap et une centaine d’autres organisations dans Le Monde appelle à adopter une approche de l’intelligence artificielle fondée sur les droits humains et la justice sociale et environnementale.

Alors que la France est sur le point d’accueillir le Sommet pour l’Action sur l’Intelligence Artificielle (IA), une centaine d’organisations de la société civile tirent la sonnette d’alarme : les droits humains et la protection de l’environnement doivent cesser d’être sacrifiés sur l’autel du progrès technologique. L’IA telle qu’elle est développée perpétue les discriminations, aggrave les inégalités, détruit la planète et alimente un système d’exploitation global. Parce que ces constats ne figureront pas au programme officiel du Sommet, nous les exposons ici.

Source : Féministes contre le cyberharcèlement

L’intelligence artificielle (IA) connaît un développement foudroyant, et nos dirigeants ne semblent pas pressés de réfléchir aux enjeux humains, sociaux et environnementaux de ces nouvelles technologies, uniquement vues sous le prisme de la croissance, des gains de productivité et des profits. L’IA telle qu’elle est développée perpétue cependant les discriminations, aggrave les inégalités, détruit la planète et alimente un système d’exploitation global. Parce que ces constats ne figureront pas au programme officiel du Sommet mondial sur l’IA [qui se tient à Paris les 10 et 11 février 2025], nous, organisations de la société civile, vous les rappelons ici.

Se concentrer uniquement sur d’éventuels futurs risques existentiels à venir de l’IA est un leurre : ces technologies ont déjà des effets très concrets pour les populations les plus vulnérables et les plus discriminées et portent largement atteinte aux droits humains. En s’appuyant sur des bases de données biaisées et en intégrant les préjugés de ses concepteurs, l’IA perpétue les stéréotypes, renforce les inégalités sociales et limite l’accès aux ressources et opportunités. A cela s’ajoute le fait que le déploiement de ces systèmes d’IA s’inscrit dans le contexte des structures discriminatoires et inégalitaires qui existent dans les sociétés du monde entier. Le recours à ces technologies, souvent sur fond de politiques d’austérité, amplifie les discriminations dans l’accès à la santé, à l’emploi, aux services publics ou aux prestations sociales. En témoignent les scandales ayant éclaté ces dernières années : biais sexistes et racistes des algorithmes de santé, algorithme des services de l’emploi autrichien qui refuse d’orienter les femmes vers le secteur informatique, profilage et discrimination des usagers de la Caisse nationale des allocations familiales en France, au Danemark ou aux Pays-Bas.

Or les technologies sont rarement la solution à des problèmes en réalité systémiques. Il est préférable de s’attaquer à la racine de ces problèmes plutôt que de prendre le risque d’aggraver les violations des droits humains avec des systèmes d’IA. Tandis que l’on confie de plus en plus de décisions aux algorithmes, leurs biais peuvent avoir des conséquences dramatiques sur nos vies. Les IA prédictives se substituent à la justice et à la police, risquant d’amplifier le racisme systémique. Par exemple, aux Etats-Unis, une IA calculant les risques de récidive désignait deux fois plus les accusés noirs comme étant « à haut risque » que les accusés blancs. Et quand bien même on réduirait ces biais, se concentrer sur les outils prédictifs nous empêche de penser à des réformes plus globales du système carcéral.

Ces systèmes sont aussi utilisés à des fins de surveillance et d’identification dans le cadre du contrôle des frontières ou de conflits, comme Lavender, cette IA qui, en désignant des cibles terroristes, a provoqué la mort de milliers de civils gazaouis. Et bien souvent, ces technologies sont développées par les pays occidentaux, comme les outils créés par des pays européens utilisés pour surveiller la population ouïghoure en Chine.

Les systèmes d’IA générative sont également instrumentalisés à des fins de désinformation et de déstabilisation par des régimes répressifs et des acteurs privés. « Bots » utilisés pour manipuler l’information sur des questions liées à la santé, désinformation à caractère raciste durant les dernières élections européennes, deepfakes audios et vidéo mettant en scène des candidats aux élections : ces technologies sont autant de menaces pour l’Etat de droit. Les montages crédibles générés par IA sont aussi un danger pour les femmes et les enfants : 96 % de ces deepfakes sont des contenus non consentis à caractère sexuel [selon le rapport 2019 du cabinet de conseil en gestion de risques DeepTrace], massivement utilisés dans le but de nuire aux femmes et de générer des contenus pédocriminels.

Par ailleurs, ces effets s’inscrivent dans un système d’exploitation global. L’IA, et notamment l’IA générative, constitue un véritable désastre pour l’environnement. D’ici à 2027, l’IA générative nécessitera une alimentation en électricité équivalente à celle de pays comme l’Argentine ou les Pays-Bas [comme le rapporte un article du New York Times d’octobre 2023]. Les émissions de CO2 des « géants de la tech » ont augmenté de 30 à 50 % en 2024 en raison du développement fulgurant de ces technologies. Et ce sont les pays du Sud global qui sont les premiers touchés : les data centers y pullulent, et l’extraction de minerais, comme le cobalt, utilisé entre autres dans les batteries, met en péril la santé des populations, entraîne la pollution des eaux et des terres et alimente violences et conflits armés.

Les inégalités entre les pays du Nord et du Sud sont également aggravées par les technologies déployées pour la modération de contenus en ligne. Les géants du numérique qui allouent plus de moyens aux pays du Nord privilégient ainsi certaines langues et récits culturels, déjà dominants, au détriment des autres. Enfin, n’oublions pas que ces systèmes d’IA sont majoritairement entraînés par des travailleurs et travailleuses du Sud global, exploités et sous-payés. Selon les informations du magazine Time, la société OpenAI a ainsi rémunéré des Kényans moins de deux dollars (1,95 euro) de l’heure pour labelliser des contenus toxiques, un travail particulièrement violent et éprouvant.

Face à ces constats alarmants, le règlement européen sur l’IA, présenté comme un instrument de protection des droits et libertés, reste très imparfait, notamment sur les questions de surveillance et de police prédictive. Par ailleurs ce règlement ne s’appliquera pas hors des frontières de l’Union européenne, alors même que la menace pour les droits humains et l’environnement est globale et que l’exportation des IA de surveillance génère du profit pour les entreprises européennes.

Nos gouvernements ne cessent de parler de souveraineté de l’IA, mais les défis posés par ces systèmes transcendent les frontières. Loin d’être un sujet technologique, l’IA est l’affaire de toutes et tous. Tout le monde doit pouvoir choisir la direction de ses développements, quitte à les refuser s’ils ne correspondent pas à notre projet de société. Un cadre contraignant élaboré démocratiquement, dans une perspective de solidarité internationale et avec les communautés les plus touchées, qui place les droits humains et la justice environnementale au cœur de la régulation de l’IA, voilà le véritable progrès.

Voir la liste des signataires.

Echap a 4 ans !

Notre quatrième assemblée générale a eu lieu et nous fêtons donc les quatre ans d’Echap ! 🥳

Nous vous proposons de partager un bilan de notre activité de l’année passée et parler de nos projets.

Activités de l’année passée

Nous continuons encore et toujours notre travail de rédaction et mise à jour de guides et à l’heure actuelle, nous avons publié 14 guides sur notre site, avec deux nouveaux guides (se protéger des airtags et un guide pour les comptes Yahoo). L’une des difficultés que nous rencontrons dans ce travail est d’arriver à rendre accessibles des outils qui se basent sur des applications dont les interfaces changent souvent. Par exemple, Meta avec son « Espace Comptes » qui permet de relier son ou ses comptes Instagram, Facebook et Threads permet des réglages qui peuvent paraître plus accessibles en terme de sécurité, mais fournit des fonctionnalités de sécurité qui fonctionnent différemment des outils précédents et ces changements ne sont pas toujours clairs.

Nous avons continué notre travail mené depuis plusieurs années afin d’identifier des logiciels espions pouvant servir dans des contextes de cyber-violences, les fameux stalkerware. Nous répertorions aujourd’hui 139 applications de ce type, ainsi que 25 applications de surveillance de téléphone « légitimes » mais pouvant être néanmoins utilisées dans le cadre de violences.

Nous avons également fait un important travail au cours de l’année passée avec la Maison des Femmes de Grenoble autour des cyberviolences, avec trois axes de travail :

  • La création d’un atelier de sensibilisation aux cyberviolences de 3h pour environ dix personnes.
  • La formation à distance et en présentiel des professionnelles de la Maison des Femmes sur les cyberviolences conjugales.
  • L’écriture d’une procédure d’accueil sur les cyberviolences dans le cadre de l’accompagnement de femmes victimes de violences.

L’atelier est en phase de test et nous attendons les prochains retours pour boucler cette partie de notre collaboration. La formation a été une expérience très positive qui nous a permis d’asseoir des bases solides pour la transmission des savoirs sur les cyberviolences. L’écriture de la procédure d’accueil est en cours et permet de mettre en lumière le soin à apporter à l’accompagnement et l’écoute des personnes avant toute tentative de solution technologique.

Nous avons réalisé deux interventions en lycée sur la question des cyberviolences et une formation à destination de groupes féministes internationaux sur les violences de genre et la technologie.

Dans les bonnes nouvelles, nous avons récemment répondu à l’appel à projets Coups de Pouce de la Fondation des Femmes et nous venons tout juste d’obtenir ce financement pour 2024 ! On est vraiment ravi·es de ce soutien qui nous permettra de faire fonctionner l’association plus efficacement et de démarrer un travail d’édition des guides en version papier à destination des structures d’accueil des personnes victimes de cyberviolences.

Côté communication, nous avons participé à un documentaire filmé sur les cyberviolences qui paraîtra dans le courant de cette année et notre travail été mentionné dans plusieurs médias comme Le Monde ou Next INpact.

Enfin, nous constatons que la fatigue militante s’est bien installée au sein de notre collectif. Malgré une visibilité croissante, l’équilibre est précaire entre la stabilité financière de l’association, le travail de fond sur les guides, la mise en place d’une offre de formation et les collaborations que nous ne pouvons pas nous permettre de mener en parallèle. Malgré cela, nous avons accueilli de nouvelles personnes et sommes aujourd’hui 7 membres à faire vivre l’association !

Bilan financier

Sur l’année passée, nous avons eu 14 777,39 € de recettes constituées majoritairement (70%) de rémunérations pour notre travail de formation et d’ateliers. Les 30% restants sont des dons ainsi que le report de notre budget des années précédentes. Nous avons eu 3 318,09€ de dépenses, principalement pour rémunérer les membres ayant dispensé des formations ou interventions, ainsi que des frais annexes (bancaires, serveurs, etc.). Cela nous laisse un peu plus de 11 000€ à investir dans l’année qui arrive pour clôturer certains projets et en démarrer de nouveaux.

Et pour la cinquième année ?

Pour cette cinquième année, nous avons le projet d’éditer nos guides en version imprimée à destination des associations qui accueillent des victimes de cyberviolences grâce au soutien de la Fondation des Femmes. Nous espérons ainsi pouvoir les distribuer plus largement. Nous avons également un projet de collaboration avec la Confédération du Planning Familial et nous souhaitons continuer à intervenir en milieu scolaire.

Pour finir, nous souhaitons encore adresser un grand merci à toutes les personnes qui nous soutiennent et nous ont soutenues. Ça nous fait chaud au cœur ! Un merci également à toutes les personnes qui nous inspirent pour continuer notre travail malgré les difficultés que nous rencontrons.

Echap a trois ans !

Notre troisième assemblée générale a eu lieu et nous fêtons donc les trois ans d’Echap ! 🥳

Avec un peu de retard, nous vous proposons de partager un bilan de notre activité de l’année passée et parler de nos projets.

Activités de l’année passée

Nous continuons encore et toujours notre travail de rédaction et mise à jour de guides. Nous avons notamment publié des guides pour les comptes Tik Tok ou les comptes Microsoft (Outlook/Hotmail), mais également une Foire Aux Questions. Nous mettons à jour cette foire aux questions avec les suggestions régulières que nous recevons de la part d’associations. Malheureusement, ce travail de rédaction et de mise à jour nous prend du temps, et les mises à jour n’ont pas été aussi fréquentes que nous l’aurions souhaités l’année passée.

Nous avons également continué (et mis en avant sur notre site) notre travail mené depuis plusieurs années afin d’identifier des logiciel espions pouvant servir dans des contextes de cyber-violences, les fameux stalkerware. Nous répertorions aujourd’hui 133 applications de ce type, ainsi que 13 applications de surveillance de téléphone « légitimes » mais pouvant être néanmoins utilisées dans le cadre de violences.

Nous avons participé à plusieurs événements publics, tels que les Human Tech Days ou encore une journée d’autodéfense féministe à Toulouse. Nous avons également participé à un atelier avec l’association l’APIAF sur Toulouse. Nous avons effectué une formation avec l’association Echappée Belle de Marcillac-Vallon (Aveyron). Cela a été une rencontre riche où nous avons eu d’excellents retours qui nous ont permis d’améliorer notre contenu. Nous notons que le travail consacré à la préparation de formations a été plus conséquent et mobilisateur que ce que nous avions prévu.

Une de nos difficultés récurrentes concerne les demandes de financement. L’an dernier, nous avons eu la belle opportunité de répondre à une demande de financement Européen pour le projet DAPHNE avec des associations féministes de Catalogne. Malgré une collaboration fructueuse avec ces associations, nous avons reçu une réponse négative à l’automne 2022. Echap a investi énormément de temps pour construire le dossier de réponse de plus de 40 pages, rédigé en collaboration avec les 4 associations partenaires. Nous avons aussi du mettre en pause plusieurs projets en attendant d’avoir la réponse, car notre petite structure ne pouvait pas supporter un projet européen de cette ampleur et d’autres engagements en même temps. Cela a été une étape difficile pour le collectif et qu’il a fallu prendre le temps d’accepter.

Enfin, on constate une certaine fatigue militante dans le collectif : des personnes ont quitté l’association au cours de l’année passée et une nouvelle personne nous a rejoint. Nous essayons de réfléchir à l’intégration de nouvelles personnes au sein de l’association, tout en étant bien conscientes que notre travail ne mettra pas fin aux cyber-violences et aux violences conjugales ! Nous avons donc aussi le soucis de prendre soin de nos énergies militantes limitées (si vous lisez ce texte et êtes intéressé·es, envoyez-nous un email 😉 ).

Bilan financier

Sur l’année passée, nous avons eu 2 477,60 € de recettes constituées majoritairement (66%) de dons, le reste étant constitué des paiements concernant la formation ou pour participer à des événements. Nous avons eu 2020,38€ de dépenses, principalement pour payer les membres ayant dispensés ces formations ou événements, ainsi que des frais annexes (bancaires, serveurs etc.). Cela nous laisse un peu plus de 400€ à investir dans l’année qui arrive.

Et pour la quatrième année ?

Pour cette quatrième année, nous avons des projets de formations avec plusieurs organisations, mais également l’envie de réfléchir à changer et renouveler notre façon de faire du collectif. Nous devons accepter que notre tentative de professionnaliser l’association en s’appuyant sur des financements extérieurs au cours de ces dernières années n’a pas fonctionné. Il nous faut donc trouver un modèle pérenne tout en nous préservant. Enfin, nous comptons organiser une session de mises à jour de nos guides suite à l’évolution récente de plusieurs plateformes et outils.

Pour finir, nous souhaitons encore adresser un grand merci à toutes les personnes qui nous soutiennent et nous ont soutenues. Ça nous fait chaud au cœur ! Un merci également à toutes les personnes qui nous inspirent pour continuer notre travail malgré les difficultés que nous rencontrons.

Journée sur les cyber-violences à Bruxelles

Nous participerons à une table-ronde sur les cyber-violences de genre à Bruxelles le Mardi 27 septembre 2022 de 9h30 à 13h organisée par les associations Calala, Alia, Fembloc, Donestech et l’université de Barcelone. Cet événement se déroulera en anglais et espagnol avec interprétation en direct, et sera également retransmis en ligne. Pour assister à l’événement sur place ou à distance, inscrivez-vous à cette adresse.

Webinaire : les enjeux autour de la (géo)localisation – 28 Juin 2022

Nous participerons à une webinaire intitulé « la cyber-surveillance au sein du couple : les enjeux autour de la (géo)localisation » organisé par le centre Hubertine Auclert le 28 Juin 2022 de 14h30 à 16h.

Esther participera à cette discussion en compagnie de Marion Tillous, Maîtresse de conférences à l’Université Paris 8 en géographie et études de genre et rattachée au Laboratoire d’Études de Genre et de Sexualité (LEGS).

Vous pouvez retrouver les détails de cet événement sur le site d’Hubertine Auclert, et vous inscrire ici.

Echap a deux ans !

Nous venons de faire notre seconde assemblée générale et fêter les deux ans d’Echap ! 🥳

C’est le bon moment pour faire un bilan de notre activité sur l’année passée et parler de nos projets.

Activités de l’année passée

Cette année, nous avons continué notre travail sur les guides de sécurité et confidentialité, tout d’abord en maintenant à jour les guides déjà rédigés (comme par exemple le guide de sécurité pour iPhone ou le guide pour se déconnecter de son ex) mais nous avons aussi publié un nouveau guide de stratégies pour des mots de passe. Nous avons également ponctuellement soutenu des associations sur des questions techniques, ainsi que des personnes victimes de surveillance et accompagnées par des associations.

Un de nos regrets, ce sont les efforts que nous avons déployés pour demander des financements. Notre but initial était de soutenir partiellement notre activité (notamment de formation) via des financements qui n’étaient pas destinés autrement pour les associations de lutte contre les violences faites aux femmes. Nous avons donc fait deux demandes de financements dans le milieu mécène de la technologie qui nous ont été refusées malgré nos sollicitations relativement modestes. Notre conclusion (qui, pour être honnête, nous met en colère) c’est que pour au moins une partie de la communauté tech, la question des violences domestiques n’est pas un sujet prioritaire. Une nouvelle fois, on retrouve ce problème central : toutes les formes de surveillance n’ont pas la même importance selon qui elles touchent. Les surveillances effectuées par la NSA et les GAFAMs sont considérées comme de la « vraie » surveillance, tandis que les cyber-violences ou la surveillance dans les violences domestiques est visiblement un problème secondaire. Nous n’en pouvons plus de ces deux poids deux mesures dans les communautés hacker et tech. Nous souhaitons adresser un grand merci à des structures comme Exodus Privacy et Solidaires pour leur soutien qui nous a vraiment remonté le moral et encouragé à continuer la lutte.

Ensuite, notre activité principale a été de préparer et lancer notre activité de formation. Nous avons maintenant un catalogue de formations à destination d’associations (si vous êtes une association et que le coût des formations est un problème, envoyez nous un e-mail, nous en discuterons). Nous avons organisé une première formation gratuite en ligne à destination d’associations en janvier 2022 et ce fut une réussite. Le nombre d’inscriptions a confirmé le besoin fort et urgent qu’il y a de former des personnes au sein de structures et les retours que nous avons reçu ont permis d’appuyer que nous étions sur la bonne voie avec ce travail. Nous continuerons donc de l’améliorer autant que possible ! Nous avons maintenant plusieurs pistes de formations pour le printemps 2022.

Enfin, nous avons également passé du temps à installer des outils pour nous aider, comme Zammad pour gérer des communications ou Matomo pour suivre le trafic sur notre site de manière respectueuse de la vie privée. Nous avons également rencontré et échangé avec plusieurs associations travaillant sur les mêmes sujets (notamment lors de conférences organisées par Digital Defenders Partnership), cela nous a permis d’avoir davantage de perspectives féministes intersectionnelles sur ce sujet, d’avoir un sentiment de cohésion, de légitimité et de la force pour continuer à œuvrer dans la lutte contre les violences sexistes. Fières d’appartenir à une internationale hacker-féministe ✊.

Bilan financier

Cette année, nous avons eu un budget de 3248.76€ constitué à 88% de dons (merci <3). Nous avons réinvesti 1349.19€, principalement dans des prestations de graphisme ainsi qu’en payant les formatrices de notre formation en janvier. Il nous reste un excédent de 1899.57€ qui nous permet d’avoir un fonds de roulement pour gérer nos dépenses dans les années à venir.

Et pour la troisième année ?

Nos principaux objectifs pour l’année prochaine sont tout d’abord de proposer des formations régulières à des associations tout en perfectionnant le contenu, les méthodes et les moyens pédagogiques de ces formations. Nous avons déjà plusieurs projets de formations à destination des associations pour les mois à venir (envoyez-nous un e-mail si cela vous intéresse).

Ensuite, nous allons bien entendu continuer notre travail sur les guides, mais également continuer à fournir du support à la demande à des associations sur des points techniques n’apparaissant pas dans nos guides. Nous avons déjà effectué ponctuellement cette activité l’an passé, et nous voulons voir si ce modèle répond à un vrai besoin pour les associations en complément de nos formations.

Enfin, nous avons maintenant un modèle de fonctionnement et un collectif qui nous paraissent solides après avoir travaillé ensemble pendant deux ans. Nous souhaiterions donc agrandir notre collectif en incluant de nouveaux membres.

Pour finir, nous souhaitons encore adresser un grand merci à toutes les personnes qui nous soutiennent et nous ont soutenues. Ça nous fait chaud au cœur ! Un merci également à toutes les personnes qui nous inspirent à continuer notre travail malgré les difficultés que nous rencontrons.

Cycle de conférences en ligne sur les violences faites aux femmes et la technologie

Nous avons eu le plaisir de participer à une série de webinars en anglais et espagnol organisée par Digital Defenders Partnership. Ces conférences courtes ont réuni douze organisations autour du monde sur le thème des lignes téléphoniques de soutien féministes sur les violences faites aux femmes et la technologie.

Au cours de ces conférences, nous avons eu le plaisir de rencontrer et d’échanger avec des organisations inspirantes comme Luchadoras au Mexique, SaferNet au Brésil ou encore AWASK KBO en Indonésie. Ces conférences nous ont apporté des ressources et idées intéressantes et nous ont permis de mieux comprendre comment des problèmes similaires sont combattus ailleurs dans le monde. Elles nous ont aussi rappelé que nous faisons partie d’une lutte internationale féministe, et que l’on soit à Bangkok, Sao Polo ou Paris, les femmes subissent des violences similaires dans lesquelles bien souvent la technologie est utilisée.

Vous pouvez retrouver ces vidéos en anglais et espagnol sur le site de Digital Defenders Partnership.

Britney Spears et la surveillance d’iPhones

Cet article mentionne des violences sexistes et une situation de contrôle et de surveillance abusive.

Depuis plusieurs semaines, nous sommes nombreux-euses à suivre les révélations sur la fin de tutelle de Britney Spears et découvrir en détail les nombreux abus qu’elle a subi par son père, qui a eu sa tutelle juridique pendant plus de 13 ans. Dans une situation de contrôle constant de sa vie, du choix de la couleur des placards à une interdiction de se marier ou avoir des enfants, avec une obligation de train de vie intenable en travaillant sept jours sur sept dans des shows à Las Vegas pendant des années, elle a vécu un véritable calvaire qui va enfin pouvoir prendre fin avec le jugement rendu le 29 Septembre à Los Angeles (vous pouvez lire plus de détails là dessus sur Le Monde ou Mediapart).

Ce contrôle constant s’est assorti d’une surveillance numérique, à le fois via des microphones cachés dans sa chambre mais aussi par une surveillance constante de son iPhone via le compte iCloud (comme décrit par le New York Times – en anglais). Cet article explique en détail comment cette surveillance fonctionne et comment s’en prémunir.

Le compte iCloud et la synchronisation

Comme beaucoup d’appareils aujourd’hui, nos téléphones partagent certaines de nos données à notre insu, et il est souvent difficile de savoir exactement ce qui se passe sous l’écran. Les iPhones par exemple synchronisent par défaut une partie des informations du téléphone (messages, contacts, etc.) avec le compte iCloud (la plateforme d’Apple permettant le stockage de données). Un iPhone doit obligatoirement être relié à un identifiant Apple pour pouvoir fonctionner et le compte iCloud attaché à celui-ci reçoit automatiquement des informations du téléphone afin de les sauvegarder et de les partager entre les différents appareils reliés à ce compte iCloud. Ainsi, si vous avez un iPhone et un iPad reliés au même compte iCloud, vous avez automatiquement accès sur les deux appareils aux mêmes données.

Si vous avez un iPhone, vous pouvez voir le compte iCloud utilisé dans Réglages en cliquant sur votre nom en haut de la page.

Vous pouvez également voir les applications qui synchronisent des informations en cliquant sur iCloud, et activer ou désactiver ce partage :

Bien que pratique dans beaucoup de cas, cette fonctionnalité peut être utilisée de plusieurs façons afin d’avoir accès une très large partie des informations de votre téléphone. Il est par exemple possible de rajouter un autre téléphone connecté au même compte iCloud et il suffira ensuite d’attendre de recevoir les informations en quasi-temps réel du téléphone surveillé (il s’agit de la stratégie utilisée par Jamie Spears). C’est également la stratégie adoptée par la plupart des vendeurs de logiciels espions pour téléphone : sur iPhone, il est très difficile d’installer un logiciel espion. Ils demandent alors le login et mot de passe du compte iCloud et surveillent le téléphone à partir de ce compte à la place.

Il est donc primordial de sécuriser son compte iCloud pour sécuriser un iPhone.

Comment s’assurer qu’on n’est pas surveillé

Pour sécuriser votre compte iCloud, il faut vérifier plusieurs choses. Tout d’abord, vérifiez de quel compte il s’agit, et que toutes les informations associées au compte (numéro de téléphone, adresse e-mail) vous appartiennent et sont sécurisées. Pour cela, allez dans Réglages, cliquez sur votre nom en haut de la fenêtre, vous verrez ensuite l’adresse e-mail du compte iCloud apparaître sous votre nom. Cliquez sur « Nom et coordonnées » et vérifiez que toutes les informations entrées sont correctes :

Ensuite, retournez sur la page de votre identifiant Apple, et vérifiez que vous connaissez tous les appareils listés en bas de cette page.

Enfin, il est crucial que personne n’ait accès au mot de passe de votre compte. Vous pouvez le modifier en allant dans Réglages, cliquez sur votre nom en haut de la page, puis allez dans Mot de passe et sécurité > Modifier le mot de passe.

L’authentification à deux facteurs est une très bonne option à activer, elle ajoute un code envoyé par SMS à votre numéro de téléphone à chaque fois que vous aurez besoin de vous connecter à votre identifiant Apple. Donc une personne ayant volé votre mot de passe ne pourra pas accéder à vos données sans avoir accès à ce code qui vous sera envoyé par SMS.  Pour configurer l’identification à deux facteurs, allez à nouveau dans Réglages > Votre Compte > Mot de passe et sécurité. Si l’identification à deux facteurs n’est pas activée, cliquez sur « Activer l’identification à deux facteurs ». Inscrivez ensuite le numéro de téléphone que vous souhaitez utiliser, vous allez recevoir un code par SMS qu’il vous faudra entrer dans votre téléphone.

Si jamais une personne essaie de se connecter à votre identifiant Apple par la suite, vous recevrez une notification sur votre téléphone.

Vous pouvez retrouver ces indications dans la page d’aide Apple « Si vous pensez que la sécurité de votre identifiant Apple a été compromise ».

Vérifier les accès à un compte iCloud sur un ordinateur Mac

Si vous possédez un ordinateur Mac, vous pouvez également vérifier les appareils connectés à un compte iCloud depuis celui-ci. Pour cela, allez dans Paramètres, et cliquez sur iCloud.

Dans cette nouvelle fenêtre, cliquez sur Informations du compte, puis allez dans Appareils.

Si vous ne reconnaissez pas un appareil, cliquez sur celui-ci et cliquez sur « Supprimer du compte ».

#FreeBritney

Vous pouvez retrouver toutes ces vérifications dans notre guide de sécurité pour iPhone.

And they say she’s so lucky (so lucky), she’s a star
But she cry, cry, cries in her lonely heart, thinking
If there’s nothing missing in my life
Then why do these tears come at night?

Britney Spears – Lucky